Artiste, illustratrice, Isabelle Calin sait voir de la poésie partout (@plumepastel).
Après plusieurs collaborations avec Isabelle, en presse comme en édition, j’ai naturellement eu envie de lui parler du projet Kiēlē.
Isabelle a tout de suite compris ce que j’imaginais : s’inspirer de tissus traditionnels et/ou de l'artisanat pour inventer de nouveaux graphismes chargés du pouvoir d’évocation des originaux. Interview.
Comment travailles-tu avant de te lancer dans la réalisation des illustrations ?
Avant de me lancer, j'emmagasine mentalement et sur mon écran d'ordinateur un maximum d'images, de peintures, de photos, de couleurs, de paysages. J'y pense
dans la journée par intermittence et même la nuit, c'est de cette façon
que mes idées s'affinent et se précisent. Je m'imprègne ainsi du sujet et je commence à visualiser dans ma tête ce que je vais dessiner puis peindre, puis je fais des crayonnées et des essais de couleurs sur différents supports et différents grains de papier.
Tes dessins ne copient pas l'existant, mais s'en inspirent. Comment décrirais-tu ton travail de créatrice ?
Deux éléments sont essentiels pour moi : tout d'abord, quelles que soient les contraintes je veux toujours privilégier la notion de plaisir dans mon travail. Par ailleurs, quel que soit le sujet, la commande, je veux conserver ma part de liberté. Pas de créativité sans liberté !
La création s'inspire nécessairement de tout ce qui nous environne, un
créateur est une éponge qui absorbe les matériaux et qui les restitue à
son idée. Les tissus Ndop m'ont servi d'inspiration pour créer un nouveau motif
tout en tenant compte de la tradition dans las couleurs et les formes.
Peux-tu parler de ton travail sur le plan technique ?
Techniquement, pour les illustrations de ces carnets, je fais un dessin
au crayon le plus précis possible sur un papier dessin un peu épais pour
supporter l'eau, la gouache et les modifications éventuelles, je choisis
mes pinceaux, des gobelets d'eau ( un par couleur),toutes les gouaches
sélectionnées pour leur teinte, prépare dans des palettes et godets en
porcelaine les mélanges que je vais utiliser.
Tu as eu le choix entre des textiles bleus de plusieurs pays (le lépi de Guinée,
des tissus ivoiriens…) mais en voyant le Ndop tu as fait "wouaaaah!".
Qu'est-ce qui te séduit dans ce tissu ?
J'aime le Ndop pour son bleu sombre et mystérieux, ses éclats de
rouge, ses motifs géométriques symboliques, reflets d'une longue
tradition .
Tu as vécu au Niger il y a quelques années. Quels souvenirs en gardes-tu ?
Le Niger est entré dans mon coeur et y restera . J'y ai vécu presque 10
ans pour mon travail et me suis immergée dans la culture de ce pays sec,
brûlant, aride, avec son peuple et ses langues, ses richesses et son
hospitalité, son courage.
J'ai adoré le contact avec les enfants , enfants de Niamey et enfants de
brousse, et les vieux si émouvants, vieux des campagnes et vieux
artisans des villes .
J'ai adoré le fleuve et toute la vie autour avec les laveurs de linge,
les piroguiers, et la douceur du soir au bord de l'eau, les marchés, la
vie de tous les jours avec du bruit, de la poussières, des cris, des
tambours et beaucoup de gaité.
J'ai vu de près et découvert l'extrême dénuement, le manque d'accès aux
soins, l'aridité des vies, mais toujours la dignité, le plaisir de rire,
le courage des femmes et leur rire moqueur.
J'ai adoré l'architecture traditionnelle, les maisons en terre ocre, les
toits de paille, les "concessions" où les familles se réunissent.
Tu illustres aussi des livres, notamment les albums de la collection “Lucy” (Cauris Livres).
Il faut non seulement savoir illustrer mais aussi reproduire des visages, des émotions…
Personnellement, qu'est-ce qui t'inspire dans la vie ?
Ce qui m'inspire dans la vie ? Tout ! Tout ce qui est dans ma vie de tous les jours, les visages, les émotions, les paysages, les atmosphères, le temps, la pluie et la neige,
le vent, l'actualité, les oeuvres majeurs et toutes les créations des
autres, le cinéma, la mode, la BD, les peintures rupestres, les couleurs
des murs, du ciel, les idées des autres et leur imagination, la musique,
le chant, les choeurs.
Coming up!
Après la collection Velours du Kasaï, Isabelle prépare des visuels inspirés de textiles du Cameroun. Et sans doute irons-nous plus tard plus à l’ouest, vers le Niger, pays cher à son cœur depuis qu’elle y a vécu..
Où trouver les carnets ?
Sur la boutique Kiēlē E-shop
Sur la boutique Africavivre
Chez nos stockistes
À très vite !
Kidi
Comments